Annexe 3 Réflexions sur la notion de sujet
A partir de la lecture du texte de Joël Sternheimer : "Le lieu de la distinction sujet-objet dans les sciences de la nature"
Cette notion de sujet m’intéresse à un double titre : d’abord parce que dans sa version dominante c’est à dire cartésienne elle joue un rôle fondamental dans notre culture. Cette idée «moderne» a alimenté les débats du siècle dernier concernant par exemple les rapports du moi et de l’idéologie ou les divers procès de subjectivation entre Imaginaire et Symbolique (par exemple en psychanalyse) (1). Ensuite parce que j’ai été amené par la rencontre d’œuvres ou d’auteurs (G. Simondon (2) , G. Deleuze (3) , F. Deligny (4) et son travail avec les enfants autistes) mais aussi par l’analyse et la pratique clinique à dénoncer la confusion habituelle de l’individu et du sujet ce dernier étant l’expression non d’un processus d’individuation mais de différenciation. D’où l’intérêt de votre article (pour autant que je sois capable de le comprendre puisque la partie mathématique des pages 2 et 3 m’échappe) qui se réfère, pour analyser le lieu de la distinction sujet-objet dans les sciences de la nature, à une autre histoire de cette notion à savoir la tradition aristotélicienne.
J’ai donc essayé, de manière sommaire :
-
- de rappeler les fondements de cette tradition
- de montrer ensuite les implications de la tradition cartésienne et du point de vue épistémologique et du point de vue «idéologique» et éthique.
- de suggérer enfin (en m’appuyant sur d’autres textes de J. Sternheimer) que le sujet mesurant de la tradition aristotélicienne nous entraîne à la pratique d’une véritable éthique de la connaissance et donc à une transformation de notre vision du monde.
Les lignes qui suivent ne sont qu’une ébauche que j’aimerais vous soumettre avant d’approfondir davantage ces éléments de réflexion.
I - LES FONDEMENTS DE LA TRADITION ARISTOTELICIENNE
Joël Sternheimer pose ainsi le problème au début de son texte à partir de l’affirmation de Dirac (cité par J.Bell) : «le résultat d’une mesure d’une variable dynamique réelle est l’une de ses valeurs propres. La théorie porte ainsi sur des résultats de mesure et présuppose donc en plus de l’objet ou système, un sujet mesurant. Mais ce sujet doit-il être humain ? Ou y avait-il déjà une distinction sujet-objet avant l’apparition de la vie ?» J.Sternheimer soulève alors «cette difficulté centrale de la physique quantique : d’un côté le sujet mesurant y semble cartésien (doué de pensée) alors que le fait où la théorie où il intervient se veuille une description de la structure atomique paraît le requérir aristotélicien (la substance comme sujet)».
- En effet, la théorie d’Aristote a une extrême importance pour le développement de l’idée de substance. (5) Aristote reproche à Platon d’avoir identifié l’universel et le général avec la substance. Il oppose universel et individuel .L’universel est ce qui peut être attribué à plusieurs sujets et l’individuel est ce qui ne peut être attribué. Par exemple, je peux attribuer beaucoup de qualités à Socrate mais je ne peux attribuer Socrate à rien d’autre ; je dois m’arrêter à Socrate .C’est le sujet et pour Aristote c’est la substance. Aristote reproche à Platon d’avoir dit que le bon, le juste étaient des substances alors que la véritable substance est l’individu. Il faut donc distinguer les universaux et les substances. Celles-ci sont désignées par des noms. La substance est quelque chose que l’on peut désigner du doigt tandis que l’universel est telle ou telle qualité. Il indique la sorte de la chose mais pas la chose particulière elle-même.
- Selon Aristote, Platon avait une idée trop abstraite de la substance qu’il identifiait avec l’essence. Pour Aristote, la substance c’est l’union de la forme et de la matière. Si l’on fabrique un vase d’argile sphérique, l’argile est la matière, la sphéricité est la forme. Et c’est en vertu de la forme que la chose est la chose déterminée qu’elle est. L’individuation se fait par la forme. Les formes sont substantielles. Et si l’on omet le cas de choses qui sont des substances sans matière, des formes pures (par exemple les âmes qui meuvent les sphères, Dieu..) la forme ne peut jamais exister indépendamment de la matière et la substance n’est pas substance sans un élément non substantiel qui lui est joint. En fin de compte, Aristote ne peut pas réellement nous dire ce qu’est la substance. Il ne peut pas soutenir que c’est la forme sans retomber dans le platonisme. Il ne peut pas non plus dire que c’est la matière. Il est obligé de dire que c’est l’union de la matière et de la forme. C’est donc l’individu. L’individuation se fait par la matière, Aristote paraît l’admettre, mais le véritable principe d’individuation est la forme.
- Mais ce qu’il y a de plus intéressant est la remarque de J.Sternheimer : «Avant d’être substance, le sujet aristotélicien est grammatical c’est-à-dire que la distinction sujet-objet porte d’abord sur la forme active ou passive du discours». En effet l’origine de l’idée de substance est logique ou plus exactement grammaticale. Les deux grands théoriciens de la substance Aristote et Leibniz sont aussi ceux qui ont le mieux mis en lumière la relation de l’idée de substance avec la logique telle qu’ils la concevaient. Si nous avons l’idée de substance, c’est que nous formulons des propositions et que la forme la plus simple de la proposition est l’union d’un sujet à un attribut. C’est de l’idée de sujet grammatical que nous allons à l’idée de substance.
- Lorsque Aristote (6) traite des quatre causes , de la matière et de la forme, de la puissance et de l’acte , la première cause est la forme, nature de la chose considérée en elle-même indépendamment de la matière à laquelle elle est unie , qui la distingue numériquement et qui est, en ce sens, principe d’individuation. La deuxième cause, inséparable de la première dans le monde sublunaire, impliquée dans la forme et dont la forme n’est que l’achèvement c’est la matière (ulè) support du changement au sein de qui se succèdent les contraires. Bien qu’elle ne puisse exister séparément, la matière est en un certain sens un sujet, hypokeimenon: sujet permanent, indéterminé qui reçoit sa détermination des contraires sans s’identifier à aucun d’entre eux. C’est dire que la matière n’est pas indifférente aux déterminations qu’elle est susceptible de recevoir .Elle n’est donc pas une simple possibilité passive, elle est une puissance préformée : les deux sens étant impliqués dans le mot dunamis par lequel Aristote caractérise la matière.
- Ce passage incessant de la matière à la forme, cette actualisation de la puissance ou dunamis, c’est le grand fait du mouvement qui couvre toute l’étendue de la nature et la constitue dans son essence même.Or, le mouvement ou changement en général comprend tout ce qui devient (selon la substance, la quantité, la qualité et le lieu (7)). Le mouvement est l’acte de ce qui est en puissance en tant que tel c’est-à-dire en tant qu’il est en puissance (toute actualisation d’une aptitude par exemple la marche, la croissance, la guérison etc.).Le mouvement est un acte incomplet (energeia aletes), une énergie en voie d’achèvement. Où l’on retrouve semble-t-il l’origine de ce que Averroès dans sa lecture du De anima d’Aristote nomme, comme le suggère J.P.Faye (8), le sujet mouvant : «l’intention comprise en puissance est un sujet mouvant capable de mouvoir l’intellect récepteur ou matériel. L’intellect agent… vient mouvoir l’intellect «matériel» : dans l’intention comprise, il est ce sujet mouvant et non un sujet mu». Et la singularité du sujet est bien le mouvement qui fait toute sa précarité et son dépérissement. (9). Enfin, il convient de resituer cette approche de la singularité du sujet comme mouvement dans l’œuvre d’Aristote qui a très profondément vu que la notion de mouvement couvre toute l’étendue de la «Physique» et l’on peut dire aussi de la Mathématique puisque l’idée mathématique de fonction, et plus spécialement de variation d’une fonction continue, est étroitement liée à l’idée de mouvement et inintelligible sans elle.
II - LES IMPLICATIONS DE LA TRADITION CARTESIENNE DU SUJET
1 - La distinction notée précédemment en introduction entre individu et sujet et plus précisément entre processus d’individuation et processus de subjectivation a été analysée essentiellement dans le cadre de la tradition cartésienne du sujet :
A - En son sens étymologique, on désigne par individu tout être formant une unité distincte et ne pouvant être divisé sans être détruit. «Un individu au sens le plus général et le plus complexe de ce mot, est un objet de pensée concret, déterminé, formant un tout reconnaissable et consistant en un réel donné soit par l’expérience externe, soit par l’expérience interne.» (10) Mais cet être individué comme l’affirme G.Simondon (2) doit être pensé à travers un processus d’individuation comme opération qui le fonde et l’amène à l’être. Cet auteur montre bien dans la genèse d’un individu physique, par exemple le cristal, qu’il ne s’agit pas de l’exemplaire d’une espèce : «dans un conglomérat de cristaux assemblés sans ordre, chaque cristal a défini ses faces, ses angles dièdres, ses arêtes selon une direction de l’ensemble : là d’abord est le fondement de la genèse de tout individu qui apparaît toujours comme porteur de polarisation correspondant à une structure caractérisée par tel ou tel type de symétrie». Or cette polarisation s’explique par «des circonstances extérieures, mécaniques ou chimiques, mais selon des rapports internes rigoureusement fixés, à partir de la genèse singulière.» L’individu cristal existe parce qu’il s’est développé par rapport à lui même «véritable intériorité du cristal qui consiste en ce que l’ordre des particules élémentaires est universel à l’intérieur d’un cristal déterminé». Chez un vivant, un organisme, ce processus d’individuation s’opère dans une relation constituante à l’espace-temps et c’est tout un «milieu intérieur» doué d’une certaine autonomie qui fonctionne dans ses échanges avec le milieu extérieur (cf. par exemple l’embryogenèse). Et s’il s’adapte en permanence en modifiant sa relation au milieu (une machine peut le faire) il se modifie aussi lui même car «ses propriétés ne sont pas substantielles mais relationnelles». Ce qui s’exprime encore de manière plus complexe dans l’individuation psychique et collective C’est pourquoi «une théorie de l’individuation doit se développer en théorie de la sensation, de la perception, de l’affection, de l’émotion. Elle doit faire coïncider psychologie et logique».
B - Qu’en est-il alors du sujet et plus précisément du processus de subjectivation qui se distinguerait fondamentalement de celui d’individuation, comme processus de différenciation qui serait la marque fondamentale de tout vivant. Dans la tradition culturelle occidentale, la notion de sujet apparaît sous ses différentes figures comme intrinsèquement liée au Discours (1) qu’il soit Logos, Raison, Symbole, Langage etc. tant il est vrai que son tour de force consiste à penser la différence sous la catégorie de l’universel (identité, unité d’un sujet mais aussi de tous les sujets).Comme l’affirme justement G.Simondon, c’est la pensée qui substantialise le sujet «pour pouvoir assister à la genèse et à la justification d’elle-même ; elle cherche à s’identifier au sujet (cf. le Cogito) c’est-à-dire à s’identifier à sa condition d’existence pour ne pas être en retard sur sa propre condition d’existence». Elle lui donne le statut d’un terme absolu, d’une substance. Voilà où prendrait sa source cette confusion habituelle (par exemple dans certains écrits de psychologie) de l’individu et du sujet tout simplement parce que toutes les fois où l’individu est pensé, il l’est toujours dans une certaine mesure comme étant un sujet c’est-à-dire une identité cohérente même si elle peut se chercher (comme dans la subjectivité errante du sujet lacanien). Pourtant entre individu et sujet existerait une différence de nature. Ce dernier fonctionnerait d’abord comme une reconstruction à partir d’un universel (le discours étant la forme de cet universel) comme une systématisation de l’ordre de la pensée, du concept. L’individu, quant à lui, serait ailleurs «au ras des choses» occupant un ordre de position dans l’espace-temps irréductible à l’ordre de position dans le concept auquel obéit la notion de sujet. (11).
2 - Si nous avons longuement insisté sur la différence de nature entre ces deux notions, c’est pour mettre à jour toutes les implications de ce processus de différenciation qui semble définir la nature même de la notion de sujet.
A - En effet, cette dernière semble toujours s’élaborer comme repérage, prise de position, de place. Elle rend le monde perceptible et intelligible, organise un espace vital. Car il s’agit de mettre de l’ordre, de délimiter un territoire mais aussi de le défendre. Précisément, le recours au discours est supposé réaliser un effet de coupure : c’est en parlant ou en étant parlé que l’on devient ou croit devenir un sujet c’est-à-dire maître de sa propre histoire dans une position d’extériorité par rapport à ce qui est évoqué. Le couple activité-passivité ou domination-servitude servirait ainsi de toile de fond théorique à la question de savoir où se situe le sujet parlant. Qu’il s’agisse de l’Ordre symbolique, du Logos, de la Transcendance de l’Idée, de l’intériorité du concept, du tribunal de la Raison, du fonctionnement de la Pensée, il convient toujours d’enraciner le sujet. Et ses aventures sont celles de la délimitation par le discours d’un territoire qu’il faut défendre sous peine d’autodestruction. On comprend alors qu’une telle notion ait été le support du libéralisme et par là même de la conquête et de la domination d’une culture qui s’est toujours voulue universelle. Ce que montre particulièrement bien P.Moreau [Les racines du libéralisme. Seuil 1978] : «Comme concept, le moi est une idée tardive en philosophie, une idée moderne c’est à dire cartésienne... La conception du monde qui sous-tend ce système a été diffusée, admise pendant tout l’âge classique où s’était élaborée cette systématique du sujet, de ses droits et de ses puissances». Ce sujet retient «de l’individu ce qui n’est pas individuel» ce par quoi il se distingue du reste de la nature comme capacité de s’imposer au monde par sa volonté «faculté maîtresse du sujet de droits», d’imposer un ordre par son pouvoir créateur des lois et du droit, de s’opposer à lui par son libre arbitre.
Le libéralisme apparaît de ce point de vue comme un révélateur privilégié des divers procès de subjectivation qui ont une histoire. Par ses dimensions individuelles et sociales, «le sujet» est irréductible à ce qui pourrait apparaître comme la simple histoire «philosophique» d’une notion. En effet, ces divers procès de subjectivation dans notre culture occidentale sont l’une des expressions majeures de la différenciation qui est le propre de tout être vivant. Ce dernier ne devient un individu (processus d’individuation) que dans ses rapports de différenciation avec l’environnement, avec d’autres individus. Aussi, loin de s’opposer à la société, ces vivants la constituent comme ensemble de ces rapports. Or, dans les sociétés animales par exemple, ces rapports de prédation, de reproduction etc. obéissent dans un écosystème donné à des règles naturelles intra et interspécifiques très complexes qui ne se réduisent pas à une prétendue «loi de la jungle». Dans les sociétés humaines, ces rapports de différenciation exprimant les manières dont les individus produisent leur vie, apparaissent presque toujours comme des rapports de pouvoir (du point de vue économique, politique , culturel idéologique…) autrement dit des rapports inégalitaires. Par cette transformation des différences (innées ou acquises) en inégalités, nous entrons dans le domaine proprement humain de la politique dans lequel le pouvoir est un fait relationnel avant d’être une essence ou une théorie. L’ambivalence de la notion de sujet est à ce titre hautement significative : pas de sujet (actif et dominateur) sans assujettissement (être le sujet asservi). (12)
B - Descartes renouvelant la tradition platonicienne du dualisme (différence de nature entre la pensée et l’étendue) avait inauguré avec le Cogito une entreprise de maîtrise. et de domination. Face au sujet pensant se déploie un monde tout matériel et mécanique, lui même sans âme c’est à dire sans les forces occultes ni les intentions cachées que la Renaissance attribuait à la nature. C’est un monde-machine soumis à l’investigation mathématique et au projet technicien de se rendre «comme maîtres et possesseurs de la nature». (13) Ce Cogito qui fait partie intégrante de «notre folklore métaphysique», de notre mémoire culturelle, de notre vision inconsciente du monde, était promis, sous des formes différentes, à une longue carrière.
En effet cette tradition cartésienne du sujet véhicule une vision du monde, une «idéologie» de la domination qui imprègne non seulement le domaine de la connaissance à savoir les principes mêmes qui guident l’explication et la compréhension de la réalité, mais aussi comme nous l’avons suggéré, le domaine politique de l’action, celui des rapports que les individus entretiennent avec leur environnement physique social culturel.(14)
Cette idéologie se nourrit d’un ensemble de valeurs dominantes dans notre société, une éthique dont l’une des expressions les plus significatives depuis près de deux siècles est celle de «Progrès» avec ses deux visées complémentaires trop souvent confondues : l’accroissement des connaissances attribuant à la science, à ses applications technologiques et à l’augmentation des productions qui en découlent, la capacité de résoudre progressivement l’ensemble des problèmes qui se posent aux hommes et l’amélioration indéfinie qui découlerait d’un tel processus.
C’est pourquoi l’ambiguïté de cette notion (cf l’expression : «on n’arrête pas le Progrès») vient de ce que l’homme projette, dans ce qu’il pense invente et fabrique, son propre pouvoir. Le Progrès devient un mythe, représentation imaginaire de la puissance de l’homme. Même si sur les autels du Progrès «on a sacrifié joyeusement aux dieux du travail et de la liberté», les profondes remises en cause actuelles d’une telle croyance n’ont semble-t-il pas ébranlé les valeurs qui la fondent notamment en ce qui concerne l’éthique de la connaissance. Et si nous avons fait ce long détour par la tradition cartésienne du sujet c’est précisément pour suggérer en quoi la tradition aristotélicienne s’en distingue radicalement.
III - LES IMPLICATIONS DE LA TRADITION ARISTOTELICIENNE DU SUJET
Revenons maintenant à la question posée par John Bell et résumée par Dirac : «la théorie porte sur des résultats de mesure et présuppose donc en plus de l’objet ou système, un sujet mesurant. Mais ce sujet doit-il être un être humain ? Ou y avait-il déjà une distinction avant l’apparition de la vie ?»
En montrant «qu’une description précise des masses des particules élémentaires requiert déjà chez ces dernières l’existence d’une telle distinction». (15) J.Sternheimer s’interroge et d’abord du point de vue épistémologique, sur la nature d’un tel sujet qui semble alors ne plus pouvoir être appréhendé par la seule tradition cartésienne dont nous venons de suggérer toutes les implications dans notre culture.
En faisant appel aux fondements de la tradition aristotélicienne du sujet abordés précédemment nous voudrions préciser sommairement en quoi elle se distingue radicalement de la tradition dominante tant du point de vue épistémologique que de la pratique idéologique et des valeurs mises en jeu.
La première est fondée sur le principe qu’il existe une différence de nature entre le sujet et l’objet, entre la pensée et la matière-étendue, l’âme et le corps. A l’opposé de ce dualisme, la tradition aristotélicienne qui aura une très grande influence au Moyen-Age et à la Renaissance est fondée sur ce qui unit «la substance et le sujet» (cf. supra la théorie du mouvement dans la Physique d’Aristote) comme l’expression d’un rapport entre des réalités qui appartiennent à la même nature. «Que peut donc être une science incluant le sujet ? Prenons un exemple pour l’illustrer. Si je dis : cette table est stable, ce n’est pas pareil que de dire : je vois cette table stable. Dans le premier cas - qui décrit quelque chose que je ne peux pas complètement vérifier, avec une part d’extrapolation ou d’argument d’autorité : n’y a-t-il pas des électrons qui bougent, sans que je puisse observer leur trajectoire - il y a exclusion du sujet ; dans le second cas - bien réel, lui, en tant qu’honnête témoignage qui précise les conditions de ce qu’il énonce - il y a introduction d’un «Je ». Je suis alors amené à considérer non plus quelles sont les propriétés de l’objet pour qu’il ne bouge pas, mais quel doit être le rapport entre le sujet et l’objet pour que ce sujet mesure toujours la même chose, et ce n’est plus du tout pareil.» (16).
Or, ce sujet mesurant serait présent «bien en deçà de la conscience» (15) à toutes les échelles :
-
- celle de la particule : «le sujet va en effet notamment s’exprimer, chez les particules, dans leur structure harmonique leur timbre…» (15)
- celle des cellules
- celle de l’individu vivant végétal, animal, humain et en perpétuel échange à toutes ces échelles avec son environnement.
Tout se passe comme si se réalisait à toutes ces échelles d’un vivant ce paradoxe d’une «intentionnalité a-consciente» (c’est un oxymore) irréductible au principe même du sujet cartésien «maître de lui et de l’univers». Car cette intentionnalité (cf. le timbre particulier «expressif d’une tendance ou d’une potentialité» (15)) précède - question de vitesse - et fonde chez un vivant humain cette capacité qu’il a en plus d’en prendre conscience. «A l’échelle d’un individu intégré, il s’agit du sujet conscient qui va reconnaître si cela lui convient ou non… Dans le cas des protéodies, le sujet associé à la mesure est - ou non - en résonance avec ce qu’il entend et c’est ce qui détermine la nécessité - ou non - d’une écoute. C’est le rapport sujet-objet qui fait apparaître une mélodie». (17)
Essayons de résumer en quelques points les implications qu’entraîne ce rapport singulier :
- A toutes les échelles d’un vivant, le sujet mesurant pourrait se définir comme l’expression d’un processus dynamique de différenciation (cf. supra : ce processus étant la marque d’un devenir-sujet ) puisqu’il est capable de discriminer c’est-à-dire de re-connaître ce qui lui convient ou non .Cette puissance étonnante de discrimination chez un individu dans son rapport à l’environnement manifeste à toutes les échelles sa prodigieuse intelligence de la vie.
- Loin de se distinguer fondamentalement (distinction réelle) du reste de la nature, le sujet «mouvant –mesurant» s’y réalise comme l’une de ses expressions nécessaire et singulière. Car il n’existe qu’un seul monde «puisque l’on en fait partie». (16) Rappelons à ce propos l’influence de l’œuvre d’Aristote au Moyen-Age et à la Renaissance mais aussi de celle de Spinoza qui, en brisant le dualisme cartésien, nous force à reconnaître notre ignorance devant la puissance des corps : «J’ai peine à croire cependant… que les hommes puissent consentir à examiner ces considérations d’une âme sereine, tant ils sont persuadés que le corps entre tantôt en mouvement , tantôt en repos au seul commandement de l’esprit, et qu’il accomplit un très grand nombre d’actes qui dépendent de la seule volonté de l’esprit et de l’art de penser… Car personne jusqu’ici n’a connu la structure du corps assez exactement pour en expliquer toutes les fonctions , et je ne veux rien dire ici de ce que l’on observe chez les bêtes et qui dépasse de loin la sagacité humaine , ni des nombreux actes que les somnambules accomplissent durant le sommeil et qu’ils n’oseraient pas faire éveillés , ce qui prouve assez que le corps , par les seules lois de sa nature , peut beaucoup de choses dont son esprit reste étonné…D’où suit que les hommes , quand ils disent que telle ou telle action du corps a son origine dans l’esprit qui a de l’empire sur le corps , ne savent ce qu’ils disent». (18) Mais c’est bien à un tout autre système de pensée dominant que nous avons à faire aujourd’hui dès l’instant où il nous donne le droit de tout faire sur les objets puisque nous leur sommes extérieurs : «C’est une science qui ne s’occupe pas du sujet… en ce sens qu’elle ne soupçonne pas le sujet dans l’objet comme si on pouvait impunément casser la matière ou recombiner les gènes. Que signifie cette violence, car en définitive, elle est tournée contre nous-mêmes puisque nous sommes faits de ces mêmes éléments». (16)
- Le sujet mesurant – et d’abord du point de vue épistémologique – est un sujet qui se découvre et se mesure dans l’objet par cette relation de discrimination par rapport à son environnement. L’acte instituant et constitutif du sujet «c’est la possibilité de faire varier l’unité de mesure de façon autonome, impartiale pourrait-on dire, pour effectuer sa mesure en l’ajustant à son objet». (15) C’est pourquoi il y a du sujet à toutes les échelles, de la particule à l’individu vivant et conscient. En bouleversant l’image classique de «la pensée» apanage du sujet conscient, ce mode de relation singulière nous oblige à prendre en compte une toute autre image qu’exprime, selon nous, à sa façon, Alain Prochiantz : «Pour le biologiste, la pensée n’est pas déposée quelque part, puisqu’elle est le rapport adaptatif qui lie l’individu et l’espèce à son milieu. Ainsi qu’il s’agisse de bactéries de plantes, d’invertébrés ou de vertébrés, de par leur nature, les corps vivants pensent». (19) C’est bien celal’intelligence de la vie irréductible au seul mode conscient propre à l’homme.
- Cette intelligence de la vie qui s’exprime dans la relation du sujet mesurant à l’objet dans le domaine de la connaissance implique une conception du monde bien différente de celle de la puissance «guerrière» et de la domination mais bien plutôt celle de la re-connaissance à toutes les échelles par tout être vivant de ce qui le fait vivre ou l’empêche de vivre. «Cela signifie que la notion première n’est pas la force,mais le chant….La physique contemporaine traduirait cela en disant qu’au delà de la relation classique de Newton ( la force comme étant le produit de la masse par l’accélération) la force dérive de la vibration ( la force est la dérivée de la quantité de mouvement qui est, elle-même, inversement proportionnelle à une longueur d’onde ).Si la force dérive d’une vibration, c’est qu’elle n’est pas la notion première. C’est le contre-pied scientifique de l’option prise par Hitler : la vibration est première.» (17) Pour nous guider dans cette compréhension, Spinoza est ici un maître. Il définit le statut du second genre de connaissance notamment par ce qu’il appelle les notions communes (20) exprimant les rapports de convenance et de composition des corps existants. Ainsi quand le pouvoir d’être affecté d’un corps convient avec un autre sa puissance d’agir est augmentée et l’affect qui l’exprime est la joie, le passage à une perfection moindre ou la diminution de la puissance d’agir, tristesse. Les notions communes nous font saisir cette composition des rapports réels entre individus existants, «elles forment une géométrie naturelle qui nous fait comprendre l’unité de composition de la Nature entière et les modes de variation de cette unité». (21) C’est ainsi que Spinoza interprète le récit biblique de la Chute. (22) L’interdiction divine de manger du fruit de l’arbre est seulement la révélation faite à Adam que le fruit est «mauvais» c’est-à-dire diminuera sa puissance d’agir et décomposera son corps : «C’est ainsi que nous savons par lumière naturelle qu’un poison donne la mort».Tout mal se réduit au mauvais et tout ce qui est mauvais est du type poison, indigestion, intoxication. Tout ce qui est mauvais se mesure donc à la diminution de la puissance d’agir (qui entraîne tristesse et haine), tout ce qui est bon à l’augmentation de cette même puissance (qui entraîne joie et amour ). D’où «la lutte totale de Spinoza sa dénonciation radicale de toutes les passions à base de tristesse qui nous séparent de notre puissance d’agir : telles la culpabilité, le remords, la pensée de la mort ou l’espoir même de la sécurité. Tout ce qui enveloppe la tristesse sert la tyrannie et l’oppression». (21)
Cette conception du monde bien différente de celle de la tradition dominante implique dans le processus de subjectivation d’un sujet mouvant-mesurant de nouveaux rapports de différenciation (cf. supra) entre les individus et avec leur environnement physique, économique, culturel et politique. Ces rapports qui expriment à l’échelle d’une société la manière dont les individus «produisent» leur vie peuvent apparaître comme profondément différents des rapports de domination (c’est-à-dire d’agression et de défense) que nous avons évoqués précédemment et dans lesquels des «sujets» ne peuvent vivre que dans l’assujettissement de leurs semblables. Mais parler ainsi de relations de tolérance, de convenance réciproque peut paraître utopique.
Pourtant ces mêmes principes sont à l’œuvre et d’abord dans une pratique nouvelle de la recherche qui est fondée sur des valeurs spécifiques et notamment «le respect de l’objet d’étude». (15) Cette éthique de la connaissance a pour but moins la maîtrise que l’échange avec cet objet. Joël Sternheimer donne à ce propos l’exemple du virus de la grippe aviaire qui «a évolué au point de s’adapter partiellement non seulement à la biologie, mais à la cognition humaines [autrement dit sensible à la protéodie inhibitrice de la composante qui rend ce virus de la grippe si infectieux]. Et nous traitons (ce virus) comme un terroriste au lieu d’entendre son message, qu’un dialogue est réellement non seulement possible mais devient absolument nécessaire. (17) C’est pourquoi, il faut bien arriver à reconnaître du sujet dans l’objet si l’on veut dialoguer avec lui et l’apprivoiser «et donc ne pas laisser celui-ci en dehors du champ de la science». Il y a donc un message à faire passer «car l’usage que l’on fait des choses demeure déterminant : il y a une responsabilité à chaque niveau». (16) Aussi cette éthique de la connaissance implique une nouvelle pratique de la recherche fondée d’une part, sur le premier «principe de précaution qui s’énonce ainsi : respecter l’objet d’étude - il y a peut-être du sujet à l’intérieur». Et c’est précisément «lorsqu’elle se reconnaît fille de l’éthique que la science est synonyme de progrès» ((16) d’autre part, sur l’enracinement de cette pratique dans la posture même du chercheur qui revendique la nécessité d’une recherche indépendante autrement dit «la possibilité pour un sujet, d’être sur sa route et de faire attention à ce à quoi, ce qu’il y rencontre le concerne». (17)
En guise de conclusion,
Je me suis posé une question qui m’apparaît essentielle dans le cadre de ma propre recherche : si le processus de subjectivation est le mode sous lequel un individu vivant peut conserver sa vie et si un tel processus de différenciation s’opère dans un rapport non de domination mais d’échange avec son environnement puisque ce sujet est capable de discriminer dans cet environnement ce qui lui convient ou non, pourquoi , à l’écoute de protéodies et dans des conditions particulières de temps et de milieu, va-t-il entrer en résonance avec telle mélodie plutôt qu’avec telle autre ?
Cela dépend selon vous «de l’état du sujet notamment en relation avec son environnement» et vous poursuivez : «Ceci se traduit notamment lors des applications médicales, par des tests d’écoute permettant d’évaluer l’adéquation de la stimulation ou de l’inhibition d’une protéine donnée avec l’état d’un patient, et dont les résultats peuvent être appréciés tant subjectivement par le patient lui-même, qu’objectivement par une mesure des variations d’amplitude de son pouls radial». (15)
Si j’utilise ici l’expérience clinique partagée avec J.Bastien et ma propre expérience, cet «état» d’un sujet serait un processus ( une dynamique) puisqu’il apparaît comme l’expression d’un rapport entre ce que cet individu a reçu en héritage dès sa conception c’est- à-dire un terrain et l’environnement auquel il doit sans cesse s’adapter pour continuer à vivre en un temps donné ( cf. supra : tout corps vivant pense ). D’ailleurs dans le même article vous montrez comment le sujet va s’exprimer, chez les particules, dans leur structure harmonique (leur timbre) «favorisant ponctuellement tel mode par rapport à d’autres, autrement dit déjà expressif d’une tendance ou d’une potentialité».
Ce terrain non seulement génétique mais aussi vibratoire est à la fois une mémoire et un programme. Ce qu’ont suffisamment montré depuis des décennies les chercheurs indépendants et praticiens homéopathes du C.E.I.A. dans l’usage qu’ils font pour chaque patient de la protéomique fonctionnelle pour établir sa courbe de floculation. (23)
Comme l’a constaté dans sa pratique J.Bastien (et ce dont chaque patient est amené à vérifier le bien-fondé dans la découverte de sa propre histoire sur 5 ou 7 générations) ce terrain est transmis de manière éminente par la lignée des femmes et cette transmission obéit à une logique complexe qui diffère en nature d’une simple constatation de répétitions en tous genres, de correspondances entre générations qui font l’objet aujourd’hui de multiples interprétations de type psychologique qui privilégient la notion de transgénérationnel.(24)
Or les mémoires transmises par ce terrain portent des histoires singulières qui l’ont profondément marqué. Et dans ces histoires singulières nous ne devons jamais confondre la mémoire des expériences individuelles-la plus faible-et dont le souvenir peut ressurgir dans certaines conditions avec celle dont nous ne pouvons éprouver que les sensations. Une chose est le rappel de l’histoire vécue par un individu, autre chose l’expérience de la transmission de ce qui a été vécu par un autre. Telles sont ces mémoires-affects, mémoires de vibrations et non de représentations qui font ressentir à un corps, selon une logique des affects et dans des conditions particulières de temps et de milieu, ce que d’autres corps en d’autres temps ont éprouvé. En ce domaine nous sommes fascinés et éblouis. Car nous ne savons pas (cf. supra) ce que peut un corps. (25)
Vous faites allusion vous-mêmes au phénomène de la transmission
-
- à propos de «l’information par intervalle» reçue par un sujet dans l’écoute des protéodies qui lui conviennent : «c’est la conception du sujet décrite par Freud qui est ici pertinente où le sujet ne prend pas la place du ça, mais en réalise (partiellement) les potentialités… tout en en transmettant si possible l’essence aux générations suivantes». (15) Ce qui se vérifie dans un autre passage qui décrit votre itinéraire :
- lorsque, pour montrer que la notion première n’est pas la force mais le chant puisque la force dérive de la vibration, vous utilisez ce merveilleux passage de la Bible et le commentaire de Rachi «qui est aussi mon ancêtre, à en croire les recherches généalogiques que ma mère avait faites pour tenter d’échapper aux persécutions…» (17) Rachi qui refusait le salaire du rabbin pour préserver l’indépendance de son jugement.
- Que ce nom soit devenu le sigle même du Réseau Associatif des Chercheurs Indépendants en révèle toute la généalogie et la puissance. C’est précisément ce dont j’ai fait, à mon insu, l’expérience en étant «accroché» par ce nom quand je passais «par hasard» rue Descartes à Paris il y a quelques années. En effet, j’avais travaillé depuis plusieurs décennies avec une chercheuse indépendante hors normes, hors institutions. (26) C’était pour moi la condition fondamentale de ma propre recherche si modeste soit-elle. Aussi, comme le poète, je suis persuadé qu’«il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rencontres». (Paul Eluard)
NOTES ET REFERENCES
- A.Matrat, Mémoires Affects : Une approche du champ généalogique. Thèse de Psychologie Lyon II 1990 et J.André Lyon 1990 IIIe Partie : Les limites de la notion de sujet
- G.Simondon, L’individu et sa genèse physico-biologique P U F Paris 1964 L’individuation psychique et collective Aubier Paris 1989
- G.Deleuze -F Guattari, Mille Plateaux. Minuit Paris 1981
- F.Deligny, Ce chercheur totalement atypique a eu le grand mérite, dans «l’élaboration tenace d ‘une longue pratique» avec des enfants autistes, de faire surgir une autre vision de l’humain qui s’organise notamment autour de l’opposition fondamentale entre sujet (au sens cartésien le plus classique) et individu. L’enfant autiste qui vit «au ras des choses» et dans des relations spécifiques avec les autres est considéré alors comme «un individu non sujet». Voir :Aristote, Métaphysique Les Belles Lettres-Collection G. Budé Paris 1960
- Aristote, Métaphysique Les Belles Lettres-Collection G. Budé Paris 1960
- Aristote, Métaphysique A- Physique II Les Belles Lettres. Collection G. Budé Paris1960
- Aristote, Physique III Id
- .J.P.Faye, Averroès questionnant: l’entendement poétique et le sujet mouvant. 2 12 1993 Freud-Lacan.com
- Maïmonide, Guide des Egarés .Id.
- Lalande, Vocabulaire Technique et Critique de la Philosophie P U F Paris 1968
- «Que peut-il bien y avoir de plus semblable, de plus égale, en tous ces éléments, à ma main ou à mon oreille que leur image dans le miroir ? Et pourtant je ne puis substituer cette main telle qu’on la voit dans le miroir à l’original ; car si c’était une main droite, c’en est une gauche dans le miroir». Kant : Prolégomènes à toute métaphysique future - Vrin Paris 1986
- «Tel est l’esprit de la moralité chez Kant ou encore chez Rousseau qui prône un contrat apparaissant comme le procès de subjectivation dont l’assujettissement est le résultat. Et ce contrat va jusqu’au bout se faisant non seulement entre plusieurs personnes mais entre soi et soi dans la même personne». G.Deleuze-F.Guattari, Mille Plateaux Minuit Paris 1980
- Descartes, Discours de La Méthode. Œuvres et Lettres. N.R.F La Pléiade Paris 1953
- L’art de soigner un corps est en ce sens hautement significatif. La médecine actuelle est un savoir faire hyper spécialisé de haute technologie, une médecine des symptômes qui fonctionne dans l’urgence utilisant un vocabulaire guerrier : lutte, agression, défense, victoire etc. Voir à ce propos notre conclusion à l’ouvrage : Un corps ou les Sept Merveilles Soleditions Lyon 2006 – 2è édition 2009 -
- J. Sternheimer, Le lieu de la distinction sujet-objet dans les sciences de la nature .Colloque Prospective Cerisy-la-Salle 30 mai 2001.Texte révisé le 24 mars 2003.
- J. Sternheimer, Dialoguer avec le vivant . Entretien-Revue Alliance No 3
- J. Sternheimer, Une Recherche indépendante est indispensable. Entretien- Revue Terre du Ciel Juin 2006 – Quand la science ne veut plus être au service de la guerre. Entretien avec Christine Rey - Revue Culturelle -
- Spinoza, Ethique III III.- Œuvres complètes. N.R.F. La Pléiade Paris 1954
- A. Prochiantz, Le développement et l’évolution du système nerveux dans : Qu’est-ce que la vie ? Université de tous les Savoirs V 1- Juin 2000
- Spinoza, Ethique II et V-Œuvres complètes. N R F La Pléiade Paris 1954
- G.Deleuze, Spinoza Philosophie pratique. Minuit Paris 1981
- Spinoza, Lettres à Blyenberg –Œuvres complètes. N R F La Pléiade Paris 1954
- E.Reymond, La méthode du C E I A ou l’analyse du vivant. Editions Satas-Bruxelles 1999
- Cf. les travaux de S. Tisseron sur les secrets de famille, de D. Dumas sur la notion de fantôme, de A. Ancelin Schützenberger qui a vulgarisé avec la psychogénéalogie la notion de transgénérationnel. Cette notion que nous avons remise en cause du point de vue épistémologique est d’ailleurs vivement critiquée par des psychanalystes comme A. de Mijolla, (Une psychanalyse en liberté. Entretien - Sciences Humaines Juin 2007)
- A. Matrat, Un Corps ou les Sept Merveilles o.c. Chapitres I - II - III.
- A.Matrat, id. Conclusion
André Matrat - Novembre 2007
NB- Nous remercions Joël Sternheimer destinataire de ce document de nous avoir autorisé à le mettre en ligne sur ce site. Comme nous l’avons précisé en introduction, ce texte n’est qu’une approche critique sommaire d’une conception encore dominante de la notion de sujet d’autant plus pernicieuse qu’elle nous empêche au double point de vue épistémologique et historique d’envisager d’une autre façon notre relation au monde et toutes les implications qui s’ensuivent. L’expérimentation de cette nouvelle relation sujet-objet est analysée dans les entretiens et les interventions de J.Sternheimer. Vérifiée sur le terrain (délivrance de brevet 13/7/1995) elle est mise en œuvre (génodique appliquée) dans de nouvelles pratiques thérapeutiques, culturales. Tout se passe comme si cette nouvelle approche de la réalité nous forçait à penser autrement, à ouvrir notre champ de recherche à d’autres savoirs, d’autres philosophies, d’autres cultures, à changer notre manière d’être au monde.